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6e nuit des Virtuoses

"J’ai un listing de virtuoses"

Quel est le point commun entre un jazzman expert en basse à six cordes, le roi moustachu du didjeridoo, un professionnel de la flûte à bec et le Jimmy Hendrix du dulcimer tchèque ? Aucun, jusqu’à ce qu’Eric Juret décide de les réunir pour la 6e Nuit des Virtuoses. Coup d’oeil à la programmation la plus étonnante du monde.

Concerts décentralisés
10 avril à 17h - Médiathèque (Le Tampon) > Mark Atkins
11 avril à 20h - Esp. Agenor (Pl. des Palmistes) > Max ZT
11 avril à 20h - Auditorium (St-Joseph) > Alain Caron + Benoît Sauvé

Les Nuits des Virtuoses
12 avril à 20h - Téat Champ Fleuri (St-Denis)
13 avril à 20h - Téat Plein Air (St-Gilles)
14 avril à 18h - Théâtre Luc Donat (Le Tampon)


OVNI foutraque dans le paysage culturel réunionnais et manifestation éclectique sans équivalent dans le monde, La Nuit des Virtuoses déniche depuis 6 ans des musiciens déroutants, hors-piste, des surdoués invraisemblables venus des horizons les plus imprévus. A tel point qu’on se demande parfois comment le cerveau de cette programmation, Eric "Blanc-Blanc" Juret , directeur adjoint du Théâtre Luc Donat, se débrouille pour les dégoter. On lui a demandé. Il a répondu : "C’est une bonne question. J’ai juste envie d’étonner les gens"

Cette année, il a réussi à réunir le plateau le plus insolite et peut-être le plus excitant qui soit, en convoquant pour quelques soirs d’utopie musicale quatre titans improbables, des musiciens héroïques d’une originalité folle que rien ne prédestinait à une rencontre : l’Australien Mark Atkins, champion du monde de didjeridoo, Alain Carron, légende du jazz québécois qui manie une basse à six cordes, Benoît Sauvé, auteur d’improvisations sidérantes à la flûte à bec (sans déconner), et le très cosmopolite Max ZT, demi-dieu du dulcimer (un genre de cymbalom). "Le principe de ces soirées est de créer un groupe éphémère, explique Juret. Les musiciens doivent pouvoir jouer tous ensemble à la fin du concert. Il faut donc parvenir à trouver un équilibre entre les différents instruments, tout en maintenant un très haut niveau d’exigence sur la qualité des musiciens. En général, j’attends d’avoir une ou deux confirmations pour chercher ensuite des virtuoses compatibles avec ces premiers choix, si on veut."

Alchimie délicate. D’autant qu’à ces dosages techniques et artistiques complexes doit s’ajouter une épice rare, volatile, et sans laquelle la potion est inopérante : "Il faut que ce soient de belles personnes. Le dialogue qui s’instaure entre les artistes, durant les répétitions et sur scène, demande beaucoup d’ouverture et de générosité : il faut dépasser la barrière de la langue, des styles musicaux, des cultures. Ca nous renvoie l’universalité de la musique. Il faut des gens qui, humainement, sont à la hauteur de ces enjeux."

Du coup, on repose la question : mais où les trouve-t-il, bon sang, ces parangons merveilleux ? "C’est vrai que, quand on regarde, il n’y en a pas tant que ça. Et que le plus souvent, ce sont des gens très occupés, difficiles à faire venir. Par exemple, ça fait 6 ans qu’on essaye de faire venir Jake Shimabukuro, sans succès (un joueur de ukulélé hallucinant dont les vidéos font un tabac sur Youtube depuis bientôt 10 ans, ndlr). Alors je fouille toute l’année. Il n’y a pas un jour où je ne suis pas en train de chercher : sur Internet, en voyage, lors de conversations. Les Virtuoses que nous recevons sont de précieux alliés, également. Il ne connaissent pas d’équivalent à notre concept dans le monde. Du coup, quand ils pensent à des artistes qui collent, ils nous font signe. Petit à petit, je me fabrique un listing de virtuoses."


Quatre Virtuoses Eric Juret présente les quatre virtuoses de la cuvée 2013, et nous explique pourquoi il a tenu à les inviter cette année.

ALAIN CARON
Basse à 6 cordes / Jazz - Canada
accompagné par les jazzmen locaux Daniel Riesser et Emmanuel Félicité
"Je connais Alain depuis le début des années 80, depuis UZEB, le groupe mythique de jazz fusion canadien auquel il a appartenu. C’est un musicien avec un toucher incroyable. Et puis c’est un bassiste qui parle tout seul. C’est assez exceptionnel : il n’est pas simplement un accompagnateur, mais peut jouer en solo pendant des heures, sans devenir ennuyeux."

MARK ATKINS
Didjeridoo - Australie
en trio, avec Parris McLeod (contrebasse) et Chontia Robinson (guitare)
"Voilà plusieurs années que je tourne autour de Mark. Quand on m’en a parlé la première fois, j’étais assez circonspect sur la pertinence du didjeridoo pendant 45 minutes… Mais ce qu’il fait remet vraiment en question l’idée qu’on se fait des possibilités mélodiques de cet instrument. Il est très étonnant. Et puis, je n’avais pas encore exploré l’Australie, et j’en avais envie."

MAX ZT
Hammered Dulcimer - République Tchèque
avec Samy Pageaux-Waro (percussions)
"Je l’ai découvert grâce à Dave Eggar, un autre virtuose (violoncelle) que nous avions accueilli en 2009. Il m’a dit : "Ecoute ça, c’est extraordinaire." Ca s’est fait en deux clics sur Internet, j’ai écouté deux morceaux et je l’ai appelé tout de suite : son jeu révolutionne à la fois la façon d’aborder son instrument (le hammered dulcimer est un instrument à cordes frappées, cousin du cymbalum et de l’épinette des Vosges, ndlr), et les musiques folkloriques. C’est le coup de coeur de cette édition."

BENOÎT SAUVÉ
Flûte à bec - France
avec Yannick Robert (guitare) et Kiki Mariapin (basse)
"Comme le didjeridoo, la flûte à bec semble d’abord un choix insolite. Là, c’est le côté très scolaire de l’instrument qui fait qu’on pourraît douter de son intérêt, mais comme Mark Atkins, Benoît Sauvé bouleverse totalement l’idée qu’on s’en fait. Et puis, la flûte s’insérait parfaitement dans le reste de la programmation, créait une formation équilibrée, indispensable au succès de la Nuit des Virtuoses."