Cinéma

Le CLASH ciné de la semaine

Polisse Vs. Tintin

Bon, OK, Polisse est dans les salles depuis mercredi dernier, mais pour se frotter au gros budget balèze du Tintin sauce américaine, il fallait du lourd, genre film primé à Cannes. C’est donc Maïwenn contre Spielberg cette semaine – ça va pas être de la tarte. En plus, elle a Joey Starr dans son équipe. Nan sérieux, si elle gagne, j’vends ma Benz.

Chaque semaine, l’Azenda compare pour vous les mérites et les défauts de deux nouveautés cinéma. Choisissez votre camp. Adjimé !

Polisse

Le Pitch : Polisse, c’est comme un Zone Interdite intelligent qui raconterait le quotidien de la brigade de protection des mineurs sans la voix off de Vincent Marronnier. Fiction bâtie sur des affaires réelles traitées par la BPM, le film est surtout un « film de groupe » : un film qui joue sur la force et la diversité des personnalités qui composent une équipe (ex : Kicking and Screaming, Des Hommes et des Dieux, Les 12 Salopards).

Le Genre : Polar / Cinéma du réel / Group Movie / autofiction anorexique

Les points forts / Les points faibles : Polisse évite brillamment les travers habituels des drames avec la mention « inspiré de faits réels », vaine tentative de raccrocher les wagons du cinéma à une réalité qu’il a le plus souvent déserté. Dès le début, ce film colle au trottoir, ça sent le moisi des placards de commissariat et la première scène de conversations de cantine sur fond de tintements Duralex résume la plus magistrale réussite de Maïwenn : ça sonne vrai tout en restant enlevé, sans fadeur, et c’est incroyablement bien joué, entre autre par Joey Starr, dont la face de bull-terrier atteint de conjonctivite fait merveille à tous les plans.

Maïwenn est sans doute l’une des meilleures directrices d’acteurs du moment. On se dit même qu’elle a de la magie dans les mains en voyant défiler les scènes méritoires qui passeront sans doute à la postérité (la soirée en boîte, la crise de Karine Viard). Malheureusement, par excès d’application, de peur de ne pas tout dire, Maïwenn fait trop long et, surtout, elle referme son histoire sur un parallèle pédagogique lourdingue et superflu tout droit sorti d’un manuel de psychologie (pourtant, tout était dit, nan ?).

Mais le plus gros point faible, c’est de loin la quinzaine de minutes d’autofiction complaisante qui pourrissent par intermittences la deuxième moitié du film, où l’on voit la cinéaste se mettre en scène dans un portfolio d’instantanés familiaux sans intérêt.

Volonté de bien faire + autofiction = Maïwenn passe à deux (gros) doigts du chef-d’œuvre immortel.

Tintin - Le Secret de la Licorne

Le Pitch : Steven Spielberg a lamentablement loupé le retour d’Indiana Jones au Royaume du Titre de Merde il y a 3 ans. Il s’en veut. Pour retenter le coup en loucedé, il déguise Indie en journaliste belge grâce à technologie de la motion capture et prétend adapter « Le secret de la Licorne » de Hergé. A la fin, personne n’est dupe.

Le genre : Film d’animation d’aventure en 3D adapté d’une BD des années 50 / film pour GEEK (PETER JACKSON producteur ET STEVEN SPIELBERG réalisateur !)

Les points forts / Les points faibles Précisons d’abord, pour les vieux et les rétrogrades réfractaires au progrès technologique, ce qu’est la Motion Capture (bien que, si vous appartenez à l’une de ces catégories, il est probable que vous lisiez encore le Nouvel Obs au coin du feu en mâchant des toffees au lieu de venir vous renseigner sur internet, auquel cas vous ne lirez jamais ces lignes, bande de primates) : il s’agit d’un procédé qui permet de capter les mouvements d’une personne réelle pour donner vie à une image de synthèse, et dont on nous dit qu’il n’a jamais été amené aussi loin que pour ce film, qui veut repousser les limites du réalisme dans l’animation.

Déjà, on se demande bien pourquoi. Evidemment, les images sont sublimes, très riches, mais cette richesse n’a rien à voir avec le trait si simple de Hergé. Par ailleurs, on ne voit pas très bien en quoi le réalisme serait nécessaire. Pixar n’en a pas besoin pour produire des œuvres géniales qui parlent à tout le monde. Enfin et surtout, Tintin est un peu le point de rupture de la course aux technologies au cinéma : en obscurcissant l’image, en dénaturant les couleurs originales, les lunettes 3D empêchent de bien voir les détails des visages et l’expressivité des personnages sur lesquels la com du film a beaucoup insisté.

C’est d’autant plus dommage que Spielberg tire pleinement parti de la liberté qu’accorde l’animation sur le plan de la mise en scène pour donner vie à son imaginaire personnel – le film est une adaptation TRES libre du « Secret de la Licorne », et Haddock n’a même pas sa pipe, « politically correct » oblige. Libéré des contraintes du cinéma classique et visiblement peu soucieux de respecter l’esprit original de la BD (xénophobie et cruauté envers les animaux), Steven se fait grave plaiz à mélanger TOUS les éléments qu’il aime bien dans ces histoires de trésor vintage où l’action le dispute au burlesque – il ne manque qu’un fouet et des méchants nazis pour qu’on se retrouve dans La dernière croisade.

Hyper rythmé, avec un Haddock formidable d’alcoolisme qui pique fastoche la vedette à Tintin, « Le secret de la Licorne » est plus proche d’une adaptation jeu vidéo d’Indiana Jones que d’une BD de Hergé classique. A voir en 2D pour profiter des images.

Le Verdict :

Avec des tronches d’actrices françaises, des faits réels et Joey Starr, Maïwenn arrive à se hisser au niveau de SPIELBERG + PETER JACKSON + TINTIN + UNE MOTION CAPTURE REVOLUTIONNAIRE + LA 3D (nan sérieux, c’est ouf). Ce match d’anthologie est malheureusement interrompu au 5e set, la Française ayant été contrôlée positive à l’autofiction.

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