Objets

La vie dans le masque africain

Le singe et le buffle

Esprit, homme et animal dans les sociétés africaines traditionnelles.

Hormis quelques récits de voyageurs étrangers au XVIIIe ou au XIXe siècle, c’est surtout dans la période moderne et coloniale que l’Europe a découvert le masque africain et l’a exporté dans ses galeries et ses musées, en ne s’intéressant, à de rares exceptions près, qu’à sa tête, sujet de tous les intérêts et convoitises.

Par projection de sa vision de l’art sculptural, l’Occident a surtout considéré cet objet dans sa dimension esthétique et artistique en niant sa fonctionnalité au sein des sociétés africaines qui le créent et qui l’utilisent dans un ensemble d’actes rituels destinés à assurer et à garantir leurs équilibres.

Or, pour les sociétés africaines qui les fabriquent et les utilisent en pratiquant des sorties et des danses masquées, les masques sont constitués de la totalité du costume, c’est à dire de tout ce qui cache le corps, ce qui le déforme ou ce qui le pare, ce qui le rend sonore, la danse elle-même, et les musiques qui les accompagnent. Portés lors des cérémonies, ils ne sont pas un simple moyen technique, ils possèdent une valeur symbolique en soi. Le support n’est d’ailleurs pas seulement l’objet en bois et en fibres mais aussi l’homme qui en est enveloppé.

Cette exposition propose donc au visiteur, en mettant l’accent sur le rapport aux rites à travers des documents photographiques ou filmés, de renouer avec le sens original de l’objet porté. Dans des sociétés sans écrit où la tradition orale, à travers les mythes et les contes, se transmet de génération en génération, sans interruption depuis l’apparition d’Homo sapiens, la profondeur historique se révèle à nous différemment et nous saisit tant le rapport au temps est prégnant.

Le thème animalier s’estompe et sert de prétexte : l’animal dans sa forme extérieure devient alors un modèle permettant de représenter ce qui est vivant sans être humain.

Une seconde section permettra au visiteur de découvrir une sélection d’éléments mobiliers, sièges, tabourets et appuis-nuque en raison des décors ou des ornements à motifs animaliers.

Cette exposition regroupe 120 pièces, dont plus de la moitié sont issues de collections privées réunionnaises.

Avec la collaboration scientifique du Metropolitan Museum de New York, du musée du Quai Branly à Paris et du Musée d’ethnographie de Genève.