Peinture

Julie Hauer & Jimmy Cadet

Réflections

Non, la peinture sur toile n’est pas un art perdu, étouffé médiatiquement par le street art ou dépassé par l’art conceptuel et le succès des multiples.


Julie Hauer et Jimmy Cadet explosent le cadre dans un face à face démesuré qui exploite toute la hauteur de la galerie. A La Réunion, ils appartiennent à ce petit nombre d’artistes qui continuent de chercher une expression de la modernité à l’intérieur du cadre.

Lui réinvente la nature morte avec beaucoup d’élégance dans d’énigmatiques compositions où le technologique embrasse le magique ; elle produit des images organiques fascinantes à la frontière de l’écorce végétale, d’un imaginaire chimique fait d’étranges oxydes de métaux et de la vision cosmique.

Ils nourrissaient depuis longtemps l’envie de faire dialoguer leurs univers. Et puis l’idée est venue de placer simplement face à face deux toiles, chacun la sienne, en regard. Deux toiles démesurées, conçues spécialement pour ce jeu de miroir et pour exploiter l’espace impressionnant de la galerie des TÉAT : éclater les formats imposés par les limites pratiques pour ouvrir d’autres dimensions.

Deux artistes, deux toiles, une même envie de prendre du large.


Jimmy Cadet

Le sourire est franc, l’allure décontractée, le corps tout en force. Derrière ce regard noir et joyeux se cache une démarche artistique sincère, celle de Jimmy Cadet, dont les toiles apparaissent, au gré d’expositions collectives ou solitaires, aux quatre coins de l’île, depuis sept ans.

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Julie Hauer

Dans la photographie de Julie Hauer comme dans sa peinture, se dégagent des instantanés d’une dualité complémentaire.

Quand elle est « sur le terrain », objectif en main, à sonder ces secondes qui nous échappent pour nous rendre des atmosphères en suspens — territoires fantômes ou temples de la modernité — ou bien encore quand elle plonge dans ses paysages intérieurs — abstraction narrative — Julie Hauer est guidée par le sensible, le moment, la couleur, la vibration, l’universel.

A regarder de plus près son travail à l’acrylique, paysages dilués, orages et accalmies, le monde se dessine et sa forme n’accepte aucune échelle. L’infiniment petit, l’organique, peut tutoyer le vide stellaire. L’expérience sensorielle peut aussi s’avérer sensuelle tant la liberté accompagne le regard qui se pose sur ses toiles, les chemins sont multiples dans l’abstraction. Comme pour achever son moment, fermer sa parenthèse temporelle, sa création, l’artiste signe d’un sceau qui lui est propre et qui s’imposera de lui-même dans la composition de la toile.

La photographie, elle, est indissociable d’un voyage plus brut. Le doigt appuie sur la gâchette et l’instant se tue. Pas de retouche, pas de pirouette, pas d’histoire malmenée, juste ce moment qui s’inscrit. L’image est une cavale, elle pourra ensuite faire son chemin, débarrassée du temps qui passe.

Texte : Clément Robineau