
Une soirée Maloya originale
Grèn Sémé & Jad’
De quoi donner un air de renouveau à notre maloya qui célèbre ses 10 ans d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO mais refuse de se faire enfermer dans un musée !
Une rencontre alternative avec Grèn Sémé, groupe de maloya évolutif mené par Carlo de Sacco, qui poursuit sa balade en apesanteur dans le village musical global entre chanson française et pop africaine et qui nous présentera son nouvel EP, « Poussière », et Jad’, artiste polymorphe qui mélange ses influences venues du Soundsystem pour créer une musique instantanée et organique.
Gren Semé
Entre poésie rock, pulsations dub et rythmes ternaires, Grèn Sémé invente une chanson totalement inédite où le créole et le maloya de La Réunion donnent rendez-vous à Brel, Bashung et Noir Désir.
Aussi vrai qu’il est impossible de faire pousser un manguier en trois jours, il n’y a pas de raccourci pour parler de Grèn Sémé. Dans une époque riche en mots-valises où l’on voudrait enfermer toutes les belles bâtardises qui naissent de la créolisation du monde, la tentation est grande pourtant de chercher un diminutif pratique pour la cuisine atypique inventée par ces cinq garçons. En 2013, pour situer leur premier enregistrement, ils avaient eux-mêmes opté, avec une certaine prudence, pour « Maloya évolutif ».
La formule avait le mérite de pointer un centre de gravité, l’île de La Réunion – ses rythmes ternaires, son blues traditionnel, le maloya, et sa langue créole –, et d’affirmer en contrepoint une grande liberté de mouvement. 16 ans après sa formation autour de Carlo De Sacco, chanteur et auteur, l’histoire de Grèn Sémé s’écrit depuis cette île de l’océan Indien en cercles concentriques et aériens, le groupe cherchant son identité dans un territoire de plus en plus vaste où l’on repère aujourd’hui aussi bien les hallucinations auditives du dub ou les ambiances street du slam que la verve humaniste des poètes du rock français. Un pied dans un champ de canne à sucre, l’autre sur un trottoir d’une grande ville.
Grèn Sémé, c’est aussi une conscience poétique en butée aux mirages existentiels de la modernité, aux rêves sous blisters, aux imaginaires normalisés. Une façon de regarder le monde tourner sur lui-même avec l’intelligence imprévisible et la force morale d’un gamin, pour qui l’amitié est une idée souveraine. Cette camaraderie qui continue, après 16 ans déjà, de nourrir une aventure enchantée, et qui fait de ce groupe une extraordinaire machine attachante.
Jad’
Ceux qui fréquentent le milieu musical péi, les bœufs, sound systems et autres kabars, ont sûrement déjà croisé cette jolie brune haute en couleurs. Née à Saint-Joseph il y a 28 ans, elle a toujours été sensible à la musique et au partage que l’on peut y trouver. « J’ai toujours traîné dans les sound systems. On faisait tourner le mic’ comme on dit ! Mon truc c’était l’improvisation : j’ai commencé comme ça. »