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La Yegros & Votia


LA YEGROS


Avec le nouvel album de La Yegros, arrive aussi la promesse de concerts dévastateurs, qui sont autant de défis à ceux qui ne dansent jamais. La chanteuse dégrippe les corps les plus rouillés, en irradiant son énergie comme si elle crachait des boules de feu, avec la joie communicative propre aux peuples sud-américains. La réputation de sa générosité, qui a fait le tour du monde, la précède si bruyamment qu’on en oublie parfois de considérer sa musique, et la prouesse qui la caractérise. Son troisième album réitère pourtant, avec une ambition accrue, le tour de force déjà opéré avec Viene de Mí, en 2013 et Magnetismo, en 2016. Suelta, que l’on peut traduire comme une invitation au lâcher-prise, accélère même la fusion des genres musicaux constitutifs de sa personnalité.

La Yegros est native de Buenos Aires en Argentine, où l’on se déhanche sur la cumbia colombienne. La Yegros ne triche pas avec son identité, aussi composite que l’est sa musique. Cette sincérité se retrouve dans les chansons de Suelta, dont elle est majoritairement l’auteure et compositrice, puisant son inspiration dans des considérations tantôt intimes ou sociales, en exaltant la place des femmes : « Tenemos voz » (« Nous avons de la voix »), scande-t-elle avec la MC britannique Soom T.

L’album présente aussi des couleurs originales, tout en poursuivant son exploration des folklores du Nord. Des ambiances enivrantes mais pas seulement, puisque la chanteuse distille également des émotions poignantes : mélancolique quand elle rembobine le fil de ses origines, elle exprime son indignation, et même sa colère, au moment d’aborder des thématiques sociales : elle appelle notamment les femmes à réclamer le respect qui leur est dû, en unissant leurs voix à la sienne. Argentine et citoyenne du monde, La Yegros, désignée comme la reine de la nouvelle cumbia, montre ainsi qu’elle est une artiste de conviction, dotée d’une conscience aigüe.




VOTIA


Marie-Claude Lambert Philéas a sorti son premier album, Ansoumak, en 2016. Mais elle est sur scène depuis l’âge de 13 ans, d’abord dans le groupe familial emmené par l’illustre Gramoun Lélé, son père, un zarboutan de la culture réunionnaise, puis dans ceux de ses frères. Son groupe, Votia (du nom de sa mère, originaire de Madagascar), joue la musique traditionnelle de l’île de La Réunion, le maloya, dans son expression la plus puissante et la plus rapide, celle de l’est de l’île. L’Afrique et l’Inde sont toutes proches...Voix et percussions. Ici, tous les percussionnistes sont chanteurs, et les arrangements polyphoniques servent l’écriture et la voix - quelle voix ! - de Marie-Claude.
Sur scène, son mari, ses trois enfants, un neveu et une nièce : une affaire de famille, une affaire de transmission. Un lien avec les êtres chers déjà partis, aussi… !