Reportage

Laan Duangjuan

Oté, quel thaï !

Il ne faut pas se fier aux apparences. À Saint-Paul, en bordure de la chaussée royale, dans une bâtisse d’un autre âge, se cache l’une des meilleures adresses de l’ouest… du moins pour les amateurs de cuisine thaïlandaise authentique. Chez Laan Duangjan le mot d’ordre est « générosité », de l’accueil aux portions servies et des saveurs à la variété des plats. Et en plus, quantité n’aura jamais aussi bien rimé avec qualité. Respect !

« Nous sommes installés ici depuis début 2017. Auparavant, nous tenions un petit snack vers le centre ville depuis 3 ans. Nous devions déménager ou fermer. Mais alors que notre affaire tournait très bien, les banques ont refusé de nous faire crédit pour que nous puissions prendre un plus grand local. C’est finalement des clients, qui ne voulaient pas qu’on disparaisse, qui nous ont avancé les fonds. »

L’anecdote est révélatrice : la cuisine de Pem et Alain est tellement appréciée de ses habitués que ces derniers ont tout fait pour pouvoir continuer à s’y régaler. Accessoirement, nos deux hôtes sont d’une gentillesse remarquable : prévenance, connivence, amabilité, promptitude, etc.. Ceci explique aussi certainement cela.

Le Laan Duangjan (le prénom officiel de madame) est ouvert du lundi au vendredi. Situé en lieu et place du Patwa, un ancien resto créole, cette bâtisse tout de bois vêtue jouxte la chaussée royale et l’église évangéliste chinoise. Le cadre ne paye pas de mine mais est très facilement accessible. A l’intérieur la déco est un peu vieillotte, mais ce côté chalet montagnard donne à l’ensemble un caractère chaleureux et convivial. Une petite terrasse aménagée récemment porte la capacité d’accueil à une soixantaine de couverts. Le restaurant est régulièrement complet et il est aussi possible de commander à emporter.

« Nous ne tenons pas à avoir plus de monde, d’autant que beaucoup de gens passent aussi juste emporter leurs repas. Nous désirons sauvegarder notre qualité d’accueil. Et puis ma femme et moi travaillons encore seuls pour l’instant. Entre préparations, mise en place et cuisine, nos journées vont de 7h à minuit. ».

C’est ce qui s’appelle être victime de son succès ! Et pour cause ! Ce restaurant est une aubaine, une vraie trouvaille, et la clientèle se passe le mot. Pendant les deux services (11h-14h30 et 18h-21h), les gens affluent : professionnels du coin et lycéens le midi ; familles, locaux et touristes le soir. Quant aux plats à emporter (5/6€ les sautés et curry ; 8€ pour les salades et pâtes thaï), Alain souligne « Pour éviter trop d’attente, il est préférable de commander 1h30 à 2h avant de passer. Ma femme fait les plats au fur et à mesure des commandes, et dans l’ordre ». Outre d’avoir l’embarra du choix !

Pem et Alain mettent un point d’honneur à proposer des mets aux saveurs thaïlandaises vraiment originales. On est loin du « resto thaï mais en fait c’est du chinois, c’est pareil ». Car, bien que cette cuisine ait quelques similitudes avec ses voisines chinoises, indiennes ou birmanes, elle se démarque par des saveurs et ingrédients qui lui appartiennent et la rendent unique. Curry, menthe, citronnelle, coriandre ou encore basilic rouge pour n’en citer que quelques uns. « Par exemple, il ne faut pas faire d’amalgame entre le basilic thaï, légèrement anisé, qui servira aux soupes et currys et le basilic sacré destiné aux plats. Ça change tout. D’ailleurs, nous cultivons nous même nos plantes aromatiques, juste à côté du restaurant mais aussi chez mon père ». L’authenticité des plats offerts chez Laan Duangjan se vérifie aussi par leurs saveurs particulièrement épicées, pimentées… voire explosives. Pour les palais occidentaux, ça va pouaker un peu. Et pour les créoles, tout le monde va y trouver son compte. Mais là encore, débordant d’attentions, notre restaurateur nous informe : « il y a des plats invariablement pimentés, qui sont clairement indiqués sur la carte. Mais pour la majorité d’entre eux, il est possible de moduler, de ne pas mélanger les différentes sauces ou accompagnements qui, une fois ensemble, relèvent parfois un peu trop le goût pour certains. De toutes manières, je n’aime pas l’uniformité, c’est dans ma nature. Donc je ne vais pas obliger mes clients, ne pas leur laisser le choix ».

D’ailleurs, pour la réalisation de cet article, j’ai d’abord voulu essayer le Pat Cha (Sauté au gingembre thaïlandais). Mais après les précisions d’Alain (« Pour ce plat, il faut savoir que le curry est déjà un peu épicé. Il y a du poivre à côté. C’est le mélange des deux qui est atomique »), je me suis rabattu sagement vers un Pat King. De son côté, ma compagne, aventurière mais pas trop, a testé le Pat Makua (Sauté aux aubergines). Le résultat fût doublement sans appel : nous avons eu droit à une explosion de saveurs et parfums… et étions dans l’impossibilité de finir ! Non pas parce ce n’était pas bon (bien au contraire, vous l’aurez compris) mais parce que les portions sont gargantuesques.

Après avoir demandé les doggy-bag de rigueur, nous avons discuté avec les autres personnes présentes. Les avis, recueillis étaient unanimes :

 « le goût est vraiment fidèle à la cuisine thaïlandaise »

« Les plats servis sont copieux, les sautés juste exceptionnels »

« les assiettes sont pantagruéliques, le niveau de qualité incroyable et les prix inversement proportionnels. Impossible de ne pas devenir un fidèle »

On est d’accord : Laan Duangjan, c’est thaïllement bien que très vite, on y revient ! texte : Sand. Photos : DR. Agence Zed

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